Maison Egibi

La Maison Egibi est une famille d'entrepreneurs ayant vécu à Babylone tout au long du long VIe siècle mésopotamien, de la fin de l'empire néo-assyrien à la répression d'un soulèvement de Babylone par Cyrus.

Les activités entrepreneuriales et commerciales de cette famille sont très bien connues de par la découverte de ses archives comprenant environ 1 700 tablettes d'argile et recouvrant cinq générations. Ces archives permettent ainsi de lever le voile sur les activités d'une famille bourgeoise urbaine de Mésopotamie, proche du pouvoir royal (néo-assyrien puis néo-babylonien) et investissant plusieurs pans économiques de l'époque. Les documents nous renseignent sur les activités d'investissements (achat de plantations et de palmeraies), de transport de marchandise, de gestion de brasseries et de débits de boisson ou encore d'activités d'entremises financières (presque bancaires). La maison Egibi partage ces activités avec d'autres familles mésopotamiennes[1].

La famille

Le mot Egibi est une translittération du sumérien e.gi-ba-ti.la, forme longue retrouvée occasionnellement dans les archives. Dans un texte sur les noms des ancêtres, les scribes babyloniens l'assimilent à Sin-taqisha-liblut, qui peut se traduire par "Ô Sîn, tu as donné (l'enfant), puisse-t-il maintenant vivre et prospérer". Le nom de famille apparait dans les archives babyloniennes vers le VIIIe siècle de l'ère commune. A partir du VIe siècle, plus de deux cents individues se réclament comme descendants d'Egibi[2],[3].

Dans les études antérieures (A. H. Sayce[4] ; Delitzsch[5],[6]), le fondateur de la famille était considéré comme un individu connu sous le nom de Jacob, donc d'origine juive, dont on pensait à un moment donné qu'il était actif au plus tôt à la fin du VIIe siècle. F. El Peiser (1897) pensait que la famille n'avait rien à voir avec Jacob et, après un réexamen ultérieur, Wallis Budge a estimé que la question de Jacob n'avait pas été prouvée de manière concluante. La famille serait active dès le IXe siècle avant notre ère (Boardman, Edward, Hammond 1991), et serait plutôt d'origine suméro-babylonienne et non juive[7],[8],[9],[10],[11],[12],[13],[14].

Membres connus

Le chef de la maison en 528 avant notre ère était Itti-Marduk-balatu, actif à Opis à cette époque (Darius Ier a commencé à régner en 520 avant notre ère[15]). L'héritage de la maison a été réparti entre les fils de la famille en 508. Itti-mardu-balāțu (fils de Nabū-Aẖẖē-iddin[16]) transmet son héritage à trois fils. L'aîné Marduk-nāṣir-apli reçoit la moitié, Nergel-ušēzib et Nab-(a)ḫḫē-bulliț le reste divisé entre eux. Marduk-nāșir-apli était vraisemblablement le chef pendant la période allant de 521 à 487 avant notre ère. Dans la chronologie de Moore et Lewis, la maison Egibi est contemporaine d'Iranu[17],[18],[19],[14],[20],[21],[22],[23].

Activités

Les maisons d'affaires de la Babylonie néo-babylonienne et achéménide, les plus anciennes connues de l'archéologie, étaient impliquées dans la vente, l'achat et l'échange de maisons, de champs, d'esclaves, de gestion de commerces et d'opérations bancaires. En tant que créanciers, elles acceptaient des dépôts pour les conserver, finançaient le commerce international et fondaient des sociétés commerciales. Tous les fonds utilisés par les membres de la famille à ces fins provenaient des fonds propres de la maison, et non de l'argent provenant de dépôts effectués par d'autres personnes. Ils acceptaient des dépôts, accordaient des prêts, remboursaient les dettes des clients et permettaient l'acquisition de biens en vue d'un paiement ultérieur en accordant des crédits. La famille a connu un grand succès dans le commerce des produits agricoles, ce qui lui a permis d'acquérir de vastes étendues de terre, et certains de ses membres sont devenus des fonctionnaires de premier plan à Babylone[24],[25],[18],[19],[1].

La famille est impliquée dans la gestion des terres entre 518 et 501 pour le trésorier du roi[26],[27].

Nabuchodonosor II (v. 605 av. J.-C. - 562 av. J.-C.) est un souverain néo-assyrien qui a aidé la maison d'Egibi à devenir plus puissante. Nabuchodonosor a formé son armée en donnant des terres aux gens, ce qui leur permettait de libérer du temps pour ne pas cultiver, d'où la nécessité de cultiver la terre. C'est là qu'intervient la maison d'Egibi. Il s'agissait d'une forme de gestion des biens sous le règne de Nabuchodonosor, à l'époque néo-babylonienne. Les hommes qui possédaient des terres pouvaient ainsi aller combattre dans l'armée pour les besoins de Nabuchodonosor[1].

Certains membres ont également été employés par les rois suivants, qu'ils soient néo-assyriens, néo-babyloniens ou perses (par exemple Nebo-akkhi-idin en tant que juges[27]).

Les archives familiales

Les archives sont constituées de tablettes documentant cinq générations de la vie de la famille, rédigées par ses membres entre 602 et 486. Les premières générations d'Egibi tiraient leur richesse de l'activité agricole plutôt que d'un emploi dans les temples. Le roi Nūr-Sin (577-480) est documenté dans les archives d'Egibi.

Les archives ont été découvertes entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle. Le très grand nombre d'artefacts archéologiques (la plus grande source existante de Néo-Babylonie) se rapporte à l'entreprise à l'époque d'Ashur-ahu-iddina (680-669).

Les archives s'interrompent soudainement en l'an 4 du règne de Xersès (482), après la révolte de Babylone contre le pouvoir perse. Une autre famille, la maison Murashu, dont les archives documentent le Ve siècle de l'ère commune, prend alors le relais de la description du quotidien d'une famille bourgeoise mésopotamienne.

Bibliographie

Articles connexes

Notes et références

  1. a b et c M. Van De Mieroop, A History of the Ancient Near East ca. 3000-323 BC (p.282), Blackwell history of the ancient world 2nd Edition 978-1-4051-4911-2, (ISBN 9781118718162, lire en ligne)
  2. W.G Lambert, Cuneiform Texts in The Metropolitan Museum of Art Literary and Scholastic Texts of the First Millennium B.C., JCS 11 (1957): 1–14; 112, comment on col. iii line 53 (ISBN 1-58839-157-4)
  3. see Tallqvist 1905: s.v.
  4. giffordlectures « https://web.archive.org/web/20121017094919/http://www.giffordlectures.org/Author.asp?AuthorID=150 »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), Retrieved 2012-07-28
  5. Lady Ethel Stefana Drower - By Tigris and Euphrates - Hurst & Blackett, Limited, 1923 Retrieved 2012-07-28
  6. (secondary) "Friedrich" - text- Retrieved 2012-07-28
  7. G Garbini citing an unknown author in History and ideology in ancient Israel 1988 - Retrieved 2012-07-28
  8. A. H. Sayce - Assyria: Its Princes, Priests And People Kessinger Publishing, 30 April 2004 Retrieved 2012-07-28 (ISBN 1417912588)
  9. B Desborough - They Cast No Shadows: A Collection of Essays on the Illuminati, Revisionist History, and Suppressed Technologies iUniverse, 1 April 2002 Retrieved 2012-07-28 (ISBN 0595219578)
  10. EA Wallis Budge p.117
  11. AF Rainey - A Study of Ecclesiastes (page 10 - referencing Olmstead) Concordia Theological Monthly 35 (1964) 148-57 Retrieved 2012-07-28
  12. MV AeG 2: 307, quoted in Peiser 1890-98: IV 22
  13. J Boardman, IES Edwards, NGL Hammond - The Cambridge ancient history. 3,2. “The” Assyrian and Babylonian Empires and other states of the Near East, from the eighth to the sixth centuries B.C., Volume 3 Cambridge University Press, 1991 Retrieved 2012-07-28 (ISBN 0521227178)
  14. a et b DS Landes, J Mokyr, WJ Baumol
  15. K Moore, D Lewis -The Origins of Globalization Taylor & Francis, 16 April 2009 Retrieved 2012-07-27 (ISBN 0415777208)
  16. MT Roth - publication within the Journal of the American Oriental society (Volume 3, Number 1 (Jan-March 1991) Retrieved 2012-07-28
  17. MA Dandamaev, VG Lukonin, PL Kohl - The Culture And Social Institutions Of Ancient Iran Cambridge University Press, 11 November 2004 Retrieved 2012-07-27 (ISBN 0521611911)
  18. a et b K Rhea Nemet-Nejat - Daily Life in Ancient Mesopotamia Greenwood Publishing Group, 1998 Retrieved 2012-07-27 (ISBN 0313294976)
  19. a et b RN Frye - Handbuch der Altertumswissenschaft, Part 3, Volume 7 C.H.Beck, 1984 Retrieved 2012-07-27 (ISBN 3406093973)
  20. BA Levine, R Chazan, WW Hallo, LH Schiffman - כי ברוך הוא Eisenbrauns, 1999 Retrieved 2012-07-28 (ISBN 1575060302)
  21. MT Roth
  22. SE Holtz - Neo-Babylonian Court Procedure BRILL, 2009 Retrieved 2012-07-27 (ISBN 9004174966)
  23. K Moore, D Lewis - The Origins of Globalization Taylor & Francis, 16 April 2009 Retrieved 2012-07-28 (ISBN 0415777208)
  24. O Lipschitz, J Blenkinsopp - Judah and the Judeans in the Neo-Babylonian Period Eisenbrauns, 2003 Retrieved 2012-07-28 (ISBN 1575060736)
  25. MA Dandamaev, VG Lukonin, PL Kohl - The Culture And Social Institutions Of Ancient Iran Cambridge University Press, 11 Nov 2004 Retrieved 2012-07-27 (ISBN 0521611911)
  26. P Briant - From Cyrus to Alexander: A History of the Persian Empire Eisenbrauns, 1 May 2006 Retrieved 2012-07-28 (ISBN 1575061201)
  27. a et b Francis Joannès, La Chute de Babylone, 12 octobre 539 av. JC, Tallandier, (ISBN 9791021060814)
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